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Ces petits « moi » qui sont l’expression de qui vous êtes. par Anné Linden

Nous avons presque tous fait l’expérience de nous voir au travers des yeux de quelqu’un d’autre ou de nous entendre quand quelqu’un essayait de nous imiter. Quelqu’un fait un geste qui est typique chez vous, vous dessine en caricature, marche comme vous, bois un café comme vous, et vous découvrez, tout à coup, qu’il y a quelque chose de vous de très évident, que tout le monde semble voir, sauf vous. Non pas parce que vous ne reconnaissez pas ce trait mais tout simplement parce que vous n’y avez jamais pensé. Autant de facettes, de parties de vous qui, avec des dizaines et centaines d’autres, oeuvrent ensemble pour conserver l’individu unique et complexe que vous êtes. Elles font toutes partie de la même entreprise, vous. Si vous voulez changer un comportement, vous débarrasser d’une partie que vous n’aimez pas, vous devez tout d’abord comprendre pourquoi elle est là et ce qu’elle fait dans votre intérêt.

« Les parties du psychisme se détachent de la conscience et mènent une vie autonome. » Carl G.Jung.

Le concept des « parties » existe depuis longtemps. Les dramaturges l’ont utilisé sous la forme de fantômes, de « moi » du passé, de « conscience » et autres personnages qu’on a mis en scène. La religion parle des parties de la personne dans l’épreuve de force entre le bien et le mal, l’innocence et l’expérience. Depuis Freud, la psychologie a nommé les parties ou les divisions de la personnalité par une variété de termes. Certaines psychologues ont appelé les parties des « sous-personnalités ». Freud parle de différents « acteurs » chez les gens. Carl Jung parle d’ « archétypes » - l’anima, l’écho, le soi, l’ombre- et il encourage aussi les gens à nommer leurs propres parties comme « le petit chaperon rouge », « tarzan », « le petit garçon », « la petite fille ». La gestalt parle de « grand chef et de sous-fifre ». La théorie de relation d’objet fait référence à nos introjections. L’analyse Transactionnelle propose des subdivisions en Adulte, Enfant, Parent Nourricier et Parent Critique, qui sont tous des parties de la même personne. Vous pouvez parler de « sois » (comme l’héroïne de F. Scott Fitzgerald dans Tender is the Night quand elle dit « Compliqué ? Pas vraiment. (Je suis) juste beaucoup de simples « mois’ ‘ ), ou de « côtés » ou d’ »aspects ». Vous pouvez vous sentir plus à l’aise en parlant de votre moi rationnel ou votre moi créatif ou de votre côté spirituel, ou de votre aspect casanier. Peu importe les termes que vous employez, vous pouvez continuer avec ceux qui vous conviennent le mieux. En PNL, on utilise le mot « parties », c’est pourquoi nous l’utiliserons ici. Par « parties », je veux dire « aspects » ou « qualités » d’une personne : la partie « efficace », la partie « pantouflarde », la partie « nourricière », la partie « client », « le bébé », « la fille charmante », et tous les autres « moi », « parties », et « facettes » qui constituent l’individu en entier, et dont la personne est consciente ou non. Tout qui s’est surpris par lui/elle-même, s’est dit quelque chose qui semblait venir de nulle part, a fait quelque chose de « fou » a fait l’expérience d’entrer en contact avec une partie de soi qu’il/elle ne savait pas présente. Jung croyait que, non seulement nous avons des parties dont nous ne sommes pas conscient, mais aussi que nous ne devons pas nécessairement savoir ce que ces parties essayent de faire pour nous. Et à coup sûr, le fait que nous ayons une partie ne signifie pas que nous communiquons avec elle. Ceci est valable pour tout le monde. Nous ne parlons pas ici de désordre psychologique, ni de personnalités multiples ou de pathologie quelconque. Nous parlons des gens normaux dans la vie de tous les jours. Tout le monde a des parties, et je crois que les parties continuent à se former tous au long de la vie. Au plus nous avançons en âge, au plus nous avons de l’expérience, au plus nous créons des distinctions dans notre monde intérieur, et au plus nous développons nos parties. C’est comme l’histoire du magicien et du tapis magique. Un jeune magicien voulait un tapis magique exactement comme celui du vieux magicien. Le vieux magicien lui apprit comment tisser son tapis lui-même. Mais le jeune magicien n’obtint qu’un tapis plain et s’en plaint au maître. Le vieux magicien lui dit : « Au plus tu vieilliras et acquérras de la sagesse, au plus tu auras de l’expérience, au plus le tapis se remplira et s’embellira. » Comment les parties se forment-elles ? Et comment s’élaborent-elles au cours de nos vies ? De trois façons. A la base, les parties se forment et se développent autour des rôles que nous jouons dans notre vie, autour de nos attitudes, et autour de nos émotions. Les trois aspects peuvent s’entrelacer, bien sûr, et des rôles supplémentaires (devenir « mère », par exemple ; avoir une nouvelle position dans la société ; succéder à quelqu’un) peuvent influencer et forger de nouvelles attitudes et émotions. Les rôles peuvent correspondre à nos relations intimes et familiales. J’ai une partie qui est enseignante, une partie qui est thérapeute, une partie qui est écrivain. Il y a les parties principales et les parties secondaires ou sous parties, comme il y a des rôles principaux et des rôles secondaires (j’ai une partie secondaire qui est actrice) Et même si le rôle principal tenu par une femme peut être celui de mère (dans la famille), elle aura encore une partie qui est « fille » ou même « petite fille ». (Et elle peut avoir cette partie même si ses parents ou ses grands parents sont décédés.) Nous jouons différents rôles à différents moments de la vie, à des occasions particulières, ou dans certains groupes : famille, collaborateurs de travail, aux réunions ou pendant les crises. Des rôles comme « pacificateur », « fauteur de troubles », ou « simulateur ». Ou vous jouez le « négociateur » ou le « pacificateur », la personne qui rassemble les gens et qui calme les choses. Les parties se forment également autour des attitudes et des émotions. La plupart des gens ont une partie « amour », une partie « joueur », une partie « créative », une partie « colère », une partie « détachée », une partie « mesquine », une partie « nourricière », une partie « meurtrière ». Avoir ces parties ne signifie pas que nous ayons à les extérioriser. Sachant que tout le monde a certainement une partie « jalousie », cela ne signifie pas que chacun va la mettre en œuvre comme Othello. Il n’est pas rare non plus d’avoir une partie « « meurtrière » (il suffit d écouter des enfants jouer dans la cour de récréation) mais la plupart d’entre nous ne voudrait pas et serait moralement incapable de la concrétiser en actes. Les parties interagissent, elles fonctionnent comme une famille intérieure. Au plus nous accumulons de l’expérience et au plus nous faisons des distinctions raffinées, au plus nous générons des parties et au plus notre famille intérieure s’accroît. Nous avons tous une famille intérieure de parties et, comme les familles extérieures, elles peuvent être fonctionnelles ou disfonctionnelles. Que la famille soit fonctionnelle ou pas, cela n’a que peu à voir avec le fait d’être « heureux » ou de ne pas avoir de problème. Une famille peut être immergée dans les problèmes et continuer à bien fonctionner, tandis qu’une autre famille peut sembler être heureuse et être très disfonctionnelle. A la base, trois paramètres déterminent si une famille est fonctionnelle ou pas. 1. Est-ce que la famille a de bonnes frontières ? Est-ce que chaque membre de la famille a sa place propre ? Est-ce que cela est reconnu, respecté et apprécié par les autres ?Chaque individu, chaque enfant, chaque vieille tante ou oncle, doit être reconnu comme une entité séparée, ayant droit à son espace propre. 2. Est-ce que chaque membre joue un rôle approprié à l’intérieur de la hiérarchie ? Les parents sont-ils bien les parents et les enfants les enfants ? Trop souvent, à cause de circonstances, certes atténuantes (particulièrement quand une femme est seule à élever ses enfants et qu’elle doit travailler), un enfant plus âgé est amené à devoir s’occuper des enfants plus jeunes. Si cela perdure dans le temps, l’enfant plus âgé prendra de plus en plus le rôle de la mère, ou du père. A un certain stade, cela devient inapproprié. La hiérarchie des rôles doit être respectée, et même si les enfants et les parents sont « de bons amis », les parents doivent être des parents et permettre aux enfants d’être enfants. 3. Est-ce que les membres de la famille savent comment communiquer les uns avec les autres ? Ce n’est pas parce que les membres d’une famille sont assis dans la même pièce et parlent la même langue qu’ils communiquent. Une des choses les plus difficiles pour les familles, c’est de communiquer vraiment. Elles peuvent être « ouvertes » à parler de tout ce quelles veulent, de ce qu’elles aiment ou n’aiment pas, de leurs émotions, mais souvent elles ne savent pas comment écouter. Il arrive fréquemment que lorsque quelqu’un commence à exprimer ce qu’il ressent, les autres commencent à se défendre. Dès qu’ils se sont défendus, ils n’écoutent pas, et écouter est au moins aussi important que parler si on veut qu’une communication vraie s’installe.

De bonnes frontières, une hiérarchie appropriée et une communication vraie – si ces paramètres sont en place, vous avez une famille fonctionnelle, peu importent ses problèmes. Et la même chose est valable pour la famille intérieure de parties qui se trouve à l’intérieur de chaque individu. Sa fonctionnalité ou sa non-fonctionnalité, sa manière et son degré de fonctionnement détermineront votre capacité à réussir dans le monde. Il y a trois paramètres qui déterminent une famille intérieure fonctionnelle. Premièrement, les parties sont reconnues comme des entités séparées, chacune ayant une identité et une fonction respectée et appréciée par les autres. Cela signifie reconnaître la partie « odieuse », la partie « travailleuse », la partie « mesquine », la partie « farfelue », ou la partie « stupide » comme les parties « amour », « générosité », « créative ». Si vous ne reconnaissez pas une partie, vous ne pourrez pas communiquer avec celle-ci. Quand cela arrive, la partie peut ou les parties peuvent rester caché-es et saboter tout ce que vous essayez de changer dans votre vie. Deuxièmement, les parties prennent leur place appropriée à l’intérieur de la hiérarchie interne. Certaines parties sont vastes et prennent beaucoup d’espace, d’autres sont petites et n’ont pas besoin de beaucoup de place. Je dirai que ma partie « enseignante » et ma partie « maman » prennent beaucoup de place, ma partie « choquante » est plus petite. « Approprié » renvoie à quand et comment une partie s’exprime. C’est comme une famille d’individus séparés : Chaque membre est impliqué avec différentes activités et différents comportements. L’enfant de six mois est très important, cependant, on n’attend pas à ce qu’il prenne part à l’entretien de la maison ou qu’il gagne sa vie. Et aussi, chaque partie de la famille intérieure s’exprime par elle-même, à sa façon, fait son propre travail, et est appropriée dans certaines situations et pas dans d’autres. Nos parties créent un tout, chacune à sa place, parfaitement équilibrée. Pensez à un beau mobile de Calder : avec des couleurs vives, avec des parties de différentes formes, différents poids, mais le tout tenant, d’une façon ou d’une autre, sur un appui central avec un équilibre absolu. Le système créé par les parties réalise l’équilibre. C’est la même chose pour une famille et pour l’organisation des parties à l’intérieur de nous. Troisièmement, les parties communiquent librement. Cela signifie l’ouverture de canaux de communication entre toutes les parties et entre l’esprit conscient et inconscient. Cela veut aussi dire être réceptif à la communication qui surgit et peu importe sous quelle forme. Dans une famille réelle, le bébé ne fait pas connaître ses besoins par des mots ou des phrases, mais nous apprenons à écouter ou voir ses signaux. Si nous ne faisons pas cela, on ne peut pas dire quand l’enfant est en danger. . Nos parties intérieures communiquent avec nous avec des images, des sons, des sentiments ou des sensations. Si nous ne prêtons pas attention, ne les « écoutons » pas, et ne reconnaissons pas qu’elles nous « parlent », nous ignorons des parties de nous-mêmes qui, peut-être, essaient de croître, de changer et de se développer. Si nous ne communiquons pas avec nos « moi » qui sont à l’intérieur, avec tous les aspects de qui nous sommes, nous nous coupons de nous vers eux et d’eux vers nous, ce qui rend difficile l’action en tant qu’individu intégré. (…)Si vous voulez changer un comportement, vous débarrasser d’une partie que vous n’aimez pas, vous devez tout d’abord comprendre pourquoi elle est là et ce qu’elle fait dans votre intérêt. Anné Linden

Extrait de « Mindworks : Unlock the Promise Within » d’Anné Linden, Directrice du NYTI (New York Training Institute for NLP) Andrews McMeel Publishing 1997 Traduction (2006) : Didier Barbieux, Directeur de Rhapsodie.


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